Explorer l'écoconception numérique avec le Collectif Co
Au mois de novembre, Marjorie Colin et Bernadette Kalaj, du collectif-co sont intervenues à LISAA Paris design graphique. Elles ont présenté leur approche de l’écoconception aux élèves de 2ème année de mastère Direction artistique numérique et ont exposé le travail de leur collectif qui démocratise l’approche du design dans l’innovation et les transitions écologiques et sociales.
Quels ont été les enjeux de votre intervention ?
Généralement, les étudiants ne connaissent, au mieux, de l’éco-conception que le travail sur les couleurs et les questions d’accessibilité. Nous avons voulu leur donner les bases contextuelles et méthodologiques pour qu’ils puissent, s’ils le désirent, intégrer une dimension éco-sociale à leur travail. Il s’agit de réfléchir au projet dans son ensemble, de questionner sa finalité et son emprise tant sur l’environnement que sur les cerveaux. L’éco-conception s’inscrit alors dans une démarche globale.
Les étudiants que nous avons rencontrés travaillent sur leurs projets de fin d’étude. Nous avons consacré la matinée à leur présenter une partie théorique sur l’éco-conception (constats, processus, bonnes pratiques…), l’après-midi à leur proposer une méthodologie de conceptualisation pour penser leurs projets dans une logique de durabilité, d’éthique et d’inclusivité.
Quel nom donnez-vous à votre métier ?
Nous nous présentons en tant que designers d’expériences ayant une pratique de design éco-social. Nous faisons des choses très différentes : du conseil (pour la création d’interfaces éco-conçues ou pour des projets de design plus global et de services), de la réalisation de projets ( installations interactives par exemple), de l’enseignement et beaucoup d’ateliers de co-création…
Notre propos est de penser les usages, c’est à dire de concevoir la relation entre les usagers, les parties prenantes d’un projet et leurs besoins réciproques. Ce n’est pas forcément que du service : une expérience peut être uniquement émotionnelle. On peut être dans de la recherche formelle.
Par exemple nous travaillons avec des agents de collectivités territoriales pour résoudre des problèmes de politiques publiques. Nous avons également mené un projet de design fiction sur la question du genre et de l’espace public avec la Condition Publique de Roubaix et la MEL de Lille. Ca a impliqué des agents de la métropole, des architectes, des groupes de femmes et de jeunes de Roubaix. On est dans une co-construction pour imaginer un futur souhaitable à l’échelle urbaine. Tout l’enjeu est de faire coopérer des gens qui n’ont pas la même culture et que chacun amène sa part.
Comment est né votre collectif ?
Nous sommes trois diplômées d’Estienne. Nous n’étions pas de la même promotion mais nous nous sommes retrouvées dans le laboratoire d’innovation d’une même entreprise. Nous partagions la question : qu’est-ce que le design pour nous ? Et nous en avons conclu que le plus simple était de monter notre propre collectif autour d’un engagement écologique et social.
En un an, nous avons enchaîné énormément de missions de conseils et de temps de co-création avec des publics très variés. A présent, nous aimerions approfondir davantage un projet dans toutes les phases de sa réalisation. C’est cela qui nous permettra de faire évoluer encore notre méthode.