Felice Fiasco : aventure poétique au cœur de la Renaissance italienne dans le film de Cécile Gardies
Après un Bachelor en animation à l’école Condé, Cécile rejoint le mastère animation 2D à LISAA Anim Game. Pour son projet de fin d’études, elle réalise, avec 6 autres étudiants, le film Felice Fiasco, court métrage humoristique et plein de vie qui retrace les aventures d’un jeune italien maladroit en plein cœur de la Renaissance. Entretien.
Quelle formation avez-vous suivie à LISAA ?
J'ai suivi la formation 2D, avec comme matières principales animation 2D, fx 2D et design, ajoutant à cela background design en deuxième année de Master. Je tiens à ajouter que je suis venue à LISAA pour le master, mais que j'ai suivi une formation de Bachelor à Condé.
Pouvez-vous me faire une description de votre projet ?
Felice Fiasco est un court métrage 2D de 8 minutes environ, réalisé de décembre 2021, jusqu'à fin juin 2023 avec une équipe de 7 personnes (Lisa Lajoie aux backgrounds, Arthur Termeau & Valentine Le Lanno à l'animation, Louis Ducloux & Diane Campos au chara design, Emma Ragot et moi-même au storyboard et autres rôles d'animation).
Le court métrage raconte l'histoire d'un petit gars nommé Fiasco, qui souhaite faire partie du plus grand chantier de la Renaissance, le dôme de Speranza en Italie. Malheureusement, il casse tout ce qu'il touche...
C'est un film sans dialogue, accessible à l'internationale, dont la musique a été faite par Vladimir Bouaniche. Il a été génial tout du long et a réussi à nous sortir une musique parfaite, bravo à lui !
D’où vous est venue l’idée ? Quelles sont vos inspirations ?
J'ai toujours adoré la Renaissance italienne, c'est ma période d'histoire de l'art préférée. J'ai voulu trouver une histoire qui pourrait s'y dérouler, et qui ne serait pas trop compliquée à mettre en œuvre. Avec l'équipe, nous sommes allés au musée du Louvre pour trouver des références historiques de la Renaissance, et nous avons regardé ensemble Wolfwalkers, qui nous paraissait un style très intéressant à travailler. J'avais vu aussi T'as vendu mes rollers ?, le court métrage des Gobelins, que je trouvais tellement frais et nouveau dans sa narration que nous avons essayé d'incorporer ça.
Aussi, étant animatrice 2D, j'ai voulu privilégier ce qu'on pouvait faire de plus amusant dans l'animation : des transformations, des expressions exagérées, de la comédie et du drame, des personnages très variés. Le film reflète les volontés de chaque membre de mon équipe, pour faire un court-métrage comique, coloré et plein de vie.
Quelles ont été les plus grosses difficultés de cette production ?
La période de préproduction a été très intense, car nous avions du mal à trouver l'équilibre entre la narration, l'utilisation de cadres dans notre histoire, les références historiques et la direction artistique. C'est à force d'acharnement et en mettant de côté certaines de nos inspirations plus crayonnées et détaillées que nous avons réussi à nous extirper de ça.
La direction de production a été gérée par Diane Campos, et avec le travail titanesque que nous avons fourni et les adaptations continuelles de planning car nous étions en retard en permanence, cela mérite d'être souligné.
Le projet Felice Fiasco est avant tout destiné à faire sourire le spectateur, et à être aussi amusant que possible à produire. Chacun des membres de l'équipe a eu son lot de difficultés et de sacrifices à faire afin que tout se déroule bien, et je suis heureuse de voir que nous sommes tous fiers de ce que nous avons produit.
Quel a été votre processus créatif tout au long de l’année ?
Notre processus créatif pendant l'année de préproduction a été comme notre film, un grand chaos qui finit par miracle à donner quelque chose [rires]. Mon équipe a été incroyable et très résiliente, car j'ai beaucoup poussé pour obtenir des décors, des personnages et une histoire qui tenaient tous ensemble, et gardaient une cohérence.
Ce n'était pas simple, car il y avait les cours et les devoirs à côté, qui prenaient également du temps. Quand on est pas réal, mais une élève comme les autres, on n'a pas forcément la légitimité de demander à quelqu'un de prendre sur soi et d'aller faire plus de recherches, de prendre de son temps de cours ou de son temps personnel pour avoir de meilleurs concepts. C'est là que mon équipe a été très sympa, puisqu'à de nombreux moment critiques ils ont pu travailler sur le projet, en sacrifiant leurs nuits parfois.
La période de production la deuxième année était heureusement moins créative, on avait pavé la voie, et les quelques détails qui restaient pouvaient être définis au goutte à goutte.
Votre meilleur souvenir sur ce projet ?
Les meilleurs moments du projet, c'est de voir une scène qui a avancé et qui finit exactement comme on avait imaginé. Certains moments du climax ou de la résolution avec la peintre, je finissais l'animation ou l'ombre, et je demandais tout de suite à quelqu'un de l'équipe de venir voir, pour s'extasier avec moi.
Bien évidemment, la prise de son était un moment iconique car on a tout fait de manière autonome. J'avais un ami, Pablo Hayem, qui savait faire le sound design comme personne donc je lui ai demandé son aide. Nous nous sommes retrouvés avec plusieurs membres du groupe et leurs copines/copains dans mon appart, et on a pris des soupirs, des cris, des bruits de bouche, de 14h à 21h sans s'arrêter. C'était épuisant, mais très amusant.
Enfin, le passage des jurys était un soulagement incroyable. C'était un moment génial à passer avec toute l'équipe, puisque le film a été un succès et que nous avons été très heureux de leurs retours. On était sur un petit nuage.
